mercredi 21 avril 2010

Petit journal de voyage au pays du thé Pu'Er - Mars/Avril 2010

Sixième séjour au Yunnan, au rendez-vous de la cueillette de printemps.
Cette saison, les conditions particulières de sécheresse (la plus importante depuis un siècle) ont rendu le thé plus rare et donc plus cher!
Nos amis chinois étaient inquiets, sautant dans leur voiture  dès qu'ils avaient vent de récoltes de thé dans les villages, à l'affût de lots de qualité à un prix encore abordable (équation presque impossible). Nous sommes allées avec certains d'entre eux dans les montagnes,  avons vécu avec eux cette quête.
 Même atmosphère tendue chez les  cueilleurs qui se sont parfois battus pour des récoltes sur des arbres poussant sur des terrains communaux. Dans certains villages de crus réputés, où la demande est forte et les prix exhorbitants,  certains fermiers peu scrupuleux ont acheté du thé en vrac dans d'autres villages et l'ont mélangé avec le leur pour le vendre au prix fort.Ce qui fait dire à l'un de nos amis, ZhuGe :" l' année dernière , il y avait du thé et des prix ; cette année, il y a des prix, mais pas de thé"!
Heureusement, grâce aux relations honnêtes et fidèles de nos amis avec leur producteurs, nous avons pu acheter un lot de Mao Cha (thé pu'er vert en vrac) provenant du village de Ba Ka Long  dans les monts Bulang . Nous avons fait presser et emballer notre seconde galette (100 gr). Les feuilles proviennent de la première cueillette du printemps -la meilleure et de vieux arbres bien sûr. A l'époque la sécheresse débutait seulement et la situation n'était pas aussi catastrophique. Nous vous en dirons plus sur cette "petite dernière"dans un prochain article.

Lors de nos voyages dans la montagne, nous avons constaté avec beaucoup d'inquiétude et de tristesse que les collines brûlées gagnent du terrain. Les forêts parfois  primaires, le plus souvent secondaires disparaissent ainsi au profit d'immenses plantations d'hévéas et de cannes à sucre (mono-cultures industrielles). La déforestation intensive de cette vaste région joue certainement un rôle non négligeable dans la venue de cette période de sécheresse.On y chemine plus que jamais dans "le monde de la poussière rouge"...
Heureusement, le Festival de l'Eau du Nouvel An Dai, pourtant placé sous le signe des restrictions par                
les autorités, a ébranlé les cieux. Il a plu ces derniers jours au pays du  Pu'Er . Souhaitons que l'eau du ciel apaise les esprits comme la nature puisqu'elle place la saison du thé sous de meilleurs auspices!

Après le Xishuangbanna, nos pas nous ont ramenées plus au nord à Dali, au bord du lac Er Hai.

Tout change très vite en Chine et Dali ne fait pas exception. La petite ville de montagne est enclavée dans d'immenses ensembles immobiliers, plus ou moins achevés, et le plus souvent inhabités.  Les Jeux Olympiques sont passés par là puisque le Lac Er Hai a accueilli certaines épreuves nautiques.
Subsistent un grand complexe sportif, des aménagements urbains qui évoquent plus la Promenade des Anglais que l'approche du Tibet , et un centre touristique qui n'a rien à envier à celui de  Lijiang!
Heureusement, les vieilles rues offrent toujours leurs perspectives magnifiques sur les monts Cangshan, et il suffit de s'éloigner de quelques centaines de mètres pour retrouver une atmosphère moins artificielle.
Au bout de deux jours, à croiser les habitants devant le four du marchand de galettes ou dans l'échoppe à raviolis du coin, on rentre dans le décor , on fait moisson de sourires, de regards et de petites conversations.
A une demi heure de bus , Xizhou, autre petite ville, se garde encore des excès du tourisme derrière les murs de ses cours anciennes . On y savoure la beauté de l'architecture Bai  et d'excellents barbecues dans les fumées du charbon! On regagne Dali au soleil couchant , le clinquant s'estompe dans les nuages fuyants et on se dit qu'on reviendra...dans les bordures.

Ce voyage était aussi placé sous le signe des rencontres artistiques.
Nous vous ferons découvrir dans un prochain article des photographes et peintres de nos amis.
Jian Jiang, photographe du Yunnan que nous espérons exposer en France l'année prochaine; Yang Yi, image et mémoire d'une ville noyée par les eaux du Yangzi lors de la construction du barrage de Trois Gorges; Li Ya Ming, calligraphe

Denière étape : Chengdu , en pleine effervescence : on y construit le métro ( indispensable pour sauver la ville de l'étouffement) les boutiques de luxe se multiplient,des quartiers disparaissent sous les bâches qui voilent pudiquement les démolitions et reconstructions. Il y circule une incroyable vitalité!
On y savoure aussi le charme de quartiers anciens comme celui qui, tout prés du Parc du Peuple, se cache au détour de JinHe Street.