mardi 11 octobre 2011

On the road again !

Dessin à l'encre de Li Ya Ming

Au pied des pins j'interroge un jeune garçon
il répond ; "le maître est parti cueillir des herbes
je sais seulement qu'il est dans la montagne 
les nuages sont profonds, on ne sait où"
                                     Chia Tao ( 8ème siècle)


Nous repartons sur les chemins du Yunnan et du Sichuan, à la découverte des thés d'automne, des montagnes dans la brume et des" nuages profonds". Yunnan en chinois signifie "au sud des nuages".
 Si le temps est clément, nous irons découvrir de nouveaux territoires dans l'ouest de la province, autour de Lincang et le long de la Nu Jiang ( rivière Nu) au dessus de Tengchong.


De Chengdu au Xishuangbanna en passant par Lancang, Lincang, Tengshong et Baosahn....


La galerie sera donc fermée du 15 octobre au soir au 30 novembre.
Mais, en notre absence, vous pourrez trouver quelques uns de vos thés favoris à Lauris, au" Panier Gourmand". Muriel a la gentillesse de nous relayer pendant ce voyage et nous espérons que ce sera pour vous l'occasion de découvrir sa boutique.

Muriel devant sa boutique
Elle propose notamment un grand choix de  fruits et légumes toujours frais et joliment présentés, des produits issus de l'agriculture biologique, une excellente sélection de fromages, etc...  L'accueil est chaleureux et le sourire garanti!

et à l'intérieur, avec Françoise tout au fond .



Pour ceux qui sont plus loin, le site internet demeure opérationnel : vous pouvez donc effectuer vos commandes à l'adresse suivante :  www.the-puer.com . Yoha assurera le suivi et les expéditions.

Peut être parviendrons nous cette fois ci à poster quelques nouvelles sur le blog... selon le bon vouloir des serveurs internet...à suivre!

Mais , à la différence du jeune garçon du poème, nous pouvons annoncer la date du retour.
Nous vous accueillerons de nouveau à partir du 30 novembre avec tout un bouquet de petites et grandes découvertes à vous faire partager.
En attendant, nous vous laissons de la lecture et des images, au fil de la Route du Thé et des Chevaux ; peut être aurons nous le temps d'ajouter encore une étape avant le départ .

A bientôt donc!



Sur la route du thé et des chevaux. Traces - 5

Une ballade au Sichuan




Dans l'ermitage, à Mengding Shan.


Aujourd'hui, nous vous emmenons hors des terroirs du Pu'er , dans les montagnes du Sichuan, sur une autre branche de le Route du Thé.
Ici aussi, il existe une vieille tradition d'échange avec le Tibet et de fabrication du thé sombre .






Fumer ou allumer un feu est interdit dans la montagne

22 novembre 2010.
A la gare routière de Ya'An, en attendant le bus pour Chengdu.
Nous rentrons d'une virée sac au dos dans les montagnes du Sichuan.
Hier,première étape à Mengding Shan , berceau du thé sichuanais.  On y produit entre autres le célèbre Gan Lu , thé du tribut impérial sous la dynastie des Tang. 

Theiers à Mengding Shan
 
Théiers dans les brumes d'un après midi d'automne : des ouvriers façonnent les "tables de cueillette"...à la tronçonneuse puis dévalent la montagne chargés d'énormes ballots de feuilles et de branches. Sur les buissons, des centaines de fleurs épanouies et autant de boutons prêts à éclore.

Après la taille, les ballots de branches sont descendus au village

Montées en téléphérique, nous redescendons à travers les jardins après une ballade sur les hauteurs, dans les forêts de bambou, contemplant les montagnes bleues à l'infini . 
Du village au premier temple, on dénombre 1436 marches! Petit entraînement pour Emei Shan!
Nous gardons un souvenir émerveillé d'un ermitage solitaire , abandonné, au détour du chemin, de la poésie des lieux , un site touristique presque désert à cette saison, des merveilleuses lumières d'automne.
Soudain, on est hors du  le temps et da l'espace, loin de tout, près de soi.

Mengding Shan, les gardiens de l'ermitage

Nous descendons à Ya'An pour la nuit . Ya'An, étape fameuse du Cha Ma Gu Dao est aussi un haut lieu de la Longue Marche de l'Armée Populaire de Libération . Arrivées de nuit dans une gare routière anonyme ( comme toutes les autres! ) nous partons au hasard à la recherche d'un hôtel. Rien. Dans une jolie boutique de vins, une jeune femme nous explique comme elle peut que là, tout droit, on va en trouver un et en effet : apparaît devant nos yeux fatigués un "Hôtel Ibis", à 16 euros la chambre donnant directement sur le vieux pont illuminé. Tout le confort français est au rendez vous : ça ne fait pas de mal après une journée de voyage! Un barbecue le long du fleuve achève de nous revigorer : les brochettes piquent et brûlent juste comme il faut, les gens défilent pour leur promenade du soir ( marche active!). Tout ce petit monde bouge tranquillement.
Presque tous nous dépassent puis se retournent brusquement : "Loawei!" ( c'est à dire : "des étrangers"!)

Le pont de Ya'An


Je m'endors bercée par "Thalassa" en français sur TV5 Monde. Cela même est reposant : n'avoir aucun effort à faire pour comprendre ce qui sort de la télé.
Je dirai le plus grand bien du petit déjeuner français : plaisir des toasts beurrés trempés dans le café! En France je me souviendrai des soupes de nouille avec nostalgie, je le sais.


Maison de thé à Ya An dans la sérénité du matin


Au hasard de la ballade en ville, on nous invite à nous asseoir dans une boutique et à déguster du thé tibétain. Le maître des lieux connaît bien son histoire. Il déniche un étudiant d'anglais pour servir d'interprète. Notre livre sur le Pu'Er fait son office, on nous sort une galette précieuse de 1985 et nous repartons les bras chargés de cadeaux "pour faire connaître le thé du Sichuan en France".
Cette histoire en rappelle d'autres, l'hospitalité, la générosité, l'envie de connaître les autres.

Shangli ou la douceur de vivre


Un des plus jolis souvenirs, c'est Shangli, petite ville ancienne blottie dans la montagne , rendue célèbre par son architecture et par le passage remarqué de Mao. Zedong.




Shangli, le théâtre en plein air.


La patronne du restaurant nous montre fièrement les photos de sa famille en tenue de l'Armée Populaire de Libération.
La ville est bâtie autour de plusieurs cours d'eau bordés de saules pleureurs. Tout le long, des étudiants de l'école des Beaux Arts de Chengdu peignent ou dessinent à l'encre des paysages en déroulé. La ville respire la douceur de vivre et baigne dans une lumière inoubliable. Elle a la poésie des stations balnéaires délaissées.

Le peintre de Shangli


J'en repars apaisée et prête à affronter le retour en France .
Qui a dit que la Chine de notre imaginaire n'existait plus?


A l'ermitage
A suivre : Zongdian , au pays de Kham.

vendredi 7 octobre 2011

Sur la route du thé et des chevaux : Traces - 4

Shuhe, au pied du Dragon de Jade





Le Dragon de Jade, Yulong Xue Shan



11-14 juillet 2005 .
Lijiang - Premiers souvenirs

Routes de montagne sous une pluie battante, cols dans la brume, et soudain Lijiang apparaît comme dans un écrin : enthousiasme immédiat!
La ville est surprenante et mérite son classement  au patrimoine de l’Unesco. C'est "la Chine" telle qu'on peut la rêver, petites maisons basses, lampions rouges, de l'eau partout . Si seulement la pluie s’arrêtait pour nous laisser voir les montagnes, enfin !

Lijiang, la vieille ville appelée aussi Dayan

Malgré la foule des touristes en groupes compacts suivant des guides armés d’un drapeau, malgré les nombreux  magasins de souvenirs, nous nous sentons bien ici . Il règne une belle ambiance, les gens chantent partout, dans les rues, les restaurants, ils s’interpellent et se répondent d’une terrasse à l’autre jusque tard dans la nuit. Ils dansent et jouent de la musique sur la place. C’est une population très jeune et joyeuse,qui aime le rock et le reggae,habillée "mode" mais sans vulgarité. Beaucoup portent leur costume ethnique pardessus un jean et ça ne paraît pas surfait.  
Guide touristique

Donc il ne reste plus qu’à attendre ce que promet l' enseigne d'un magasin de vêtements : ’the sun will shine after rain » Que ça vienne vite!


le soleil viendra après la pluie

Ce soir enfin, une accalmie ; premières photos sans parapluie.Les lumières de la ville , magnifiques, se reflètent dans les rivières. Après les poissons, le jour, des jeunes filles naxi proposent des bougies à faire glisser sur l’eau.On admire les jeux d’éclats  et de reflets sous les ponts de pierre , on savoure la douceur de la nuit.


Lijiang la nuit


Le lendemain, c'est à nouveau, une longue journée de ballade dans la ville mais avec du ciel bleu. Enfin on aperçoit les montagnes (du moins sur les plus proches car le Dragon de Jade se cache encore) depuis la pagode Wangu sur la colline du Lion. Du temple au marché en passant par les fontaines, on quitte le centre touristique pour aller vers une autre vie , plus locale.
Délices du tofu grillé et des pommes de terre épicées, dévorés au bord d’un étal! Une fois encore, nous sommes les seules occidentales et ça intrigue gentiment les gens.
Au retour sur la place centrale , des attroupements des touristes se forment  autour d’une farandole de vieilles dames naxi . Elles dansent avec indolence et distinction autour d’une meneuse de revue qui brandit un gros lecteur de CD ultra moderne. Version revisitée des danseurs de hip hop! Nous en croisons certaines un peu plus tard, l’animation terminée, téléphone portable vissé à l’oreille sous la casquette  de style mao. Elles sont énergiques, pleines de vie, très dignes dans leur costume et très drôles aussi. 


Danses sur la place

De l’énergie, il y en a à flot ici. Les gens font tout à fond, poser pour une photo, profiter de leur temps, animer leur bistrot, prier au temple …. C’est plus simple et moins compassé que dans bien des endroits de  notre vieille Europe.

Lijiang, sur la vieille place du marché

De l'ancien caravansérail sur le Cha Ma Gu Dao, il reste l'architecture, et les évocations comme celles ci.
On trouve aussi quelques boutiques de Pu'Er, occupées par des groupes de touristes en rangs serrés. Attendons le sud! Espérons aussi que la ville ne sera pas victime de son immense succès...


Evocation de la Route du thé




5 – 21 avril. 2011 , Retour sur nos traces.
Dali – Shaxi – Jianchuang -Lijiang – Shuhe : on the road again!
On suit, par étapes  et morceaux , la "vieille route du thé et des chevaux". On renoue avec les longues heures de bus , la poussière, et le charme inégalé de ces lentes traversées , villages , collines, no man's land , et soudain un joyau au détour d'un virage.
Toujours des travaux sur les routes : un embouteillage se forme au milieu de nulle part, tout le monde descend du bus, ça traîne en longueur...et puis c'en est trop : le chauffeu rassemble son monde, fait demi tour et nous voilà partis sur les pistes à travers la montagne!
Arrivées à Lijiang par le côté sauvage sauvage et le Lac  Lashi, où on récolte la spiruline, on attrape un minibus pour Shuhe, petit village un peu plus loin sur la route des caravanes.


Le vieux pont de Shuhe

Evidemment...le charmant "petit village" est devenu un spot touristique ...mais le pont est superbe, on y dénombre plus de chevaux qu'à Shaxi (!)  et dès que les bus bondés ont repris le chemin du retour, on est au calme et au silence. Au bout de deux jours, on trouve même très drôle de voir les mémés naxis faire la course dans les ruelles en cravachant le cheval de la copine! L'architecture est vraiment superbe et, quoi qu'on en dise , les nouvelles constructions admirables , vraiment bâties dans la tradition . Là où le matin il n'y avait qu'un tas de pierres et de troncs d'arbres, on trouve une ébauche de maison le soir.
Le temple de Guanyin, au bout du village est abondamment fleuri; pruniers luxuriants et glycines embaument la cour et enchantent le regard. Shuhe c'est aussi le village des rosiers, ici ce sont de vrais arbres croulant sous les fleurs épanouies.





Le temple de Guan Yin
Ds de Qingminu temple , on prend à pied  le Vieux  Chemin, comme autrefois les caravanes  et on peut approcher le Dragon de Jade, majestueux dans la lumière du matin. Les collines alentour, terre rouge et pinèdes, évoquent la Provence ! Mais les tombes éparses , les billetg à moitié consumés et les petits chevaux trapus  ont tôt fait de dissiper l'illusion.
Lijiang en revanche a perdu sa grâce ; trop de boutiques, trop de monde, trop de clinquant ,trop d'argent.
et des roses à profusion.
Le tibétain à cheval ,en fourrures et en "Nike" pose toujours pour les photos sur la place. Les mémés danseuses ont moins de superbe. 


Femme Naxi


Le tibétain à cheval

Sur le chemin de la Colline du Lion ( temple fermé, hélas...) un petit gamin casse pied nous colle aux basques , ça commence par "mon copain t'aime" puis, croyant qu'on ne comprend pas , il s'enhardit et devient grossier.
Je commence par le courser un bon coup.
Et puis, pas de bol, je le coince devant la boutique de sa mère , et je l'engueule en chinois!On le laisse "honteux et confus" !
Il n'y a plus un Café Sakura mais des Sakuras on dirait qu'ils ont racheté tous les bistrots du bord de l'eau!
L'équipe du Sakura : un briefing avant le service




Se faire photographier au bord de l'eau est un must à Shuhe!

A Shuhe, au moins, on peut se dégotter un restaurant atypique, toujours au bord de l'eau . Quand le soir tombe et que les hordes ont repris la route , on découvre les délices du vin jaune chauffé à point . La nuit est silencieuse. Les patrons de la guesthouse, un peu distants au début, intimidés en fait, se dégèlent : ils n'ont pas du compter beaucoup d'occidentaux dans leur clientèle jusqu'alors. 
Une fois encore , notre livre et nos rudiments de chinois font leur oeuvre . La glace est rompue , ils nous reconduiront très gentiment à l'aéroport le lendemain, on se reverra peut être .


Nous nous endormons sous les déchaînements de l'orage, bercées par le déferlement des trombes d'eau. La nature a tôt fait de redevenir sauvage, on a envie d'être là quand il neige et que les cars de touristes sont restés ailleurs!

mercredi 5 octobre 2011

Sur la route du thé et des chevaux -Traces, 3.



Shaxi,fragments d'un parcours curieux


Porte en venant du pont
Carnets de voyage
 Jeudi 18 novembre 2010
Impressions du Yunnan 

Dans le vieux village de Shaxi, silencieux, on croise seulement quelques personnes, plutôt de vieilles gens, dans leur costume traditionnel .


La vieille route pavée traverse le village et par la porte de l'est, gagne les collines. A l'entrée du pont on fait une halte au temple où les caravaniers brûlaient de l'encens au moment du départ- et où l'encens brûle toujours. Il est facile alors "d'entendre" résonner les fers sur le pavé et de "voir" les chevaux...
Pont de Shaxi

Jolie coutume à Shaxi : les gens fixent des bâtonnets d'encens sur les montants de leur portail. La chose amusante, c'est que le brûle encens est souvent une vieille canette de boisson – actuellement , le Red Bull chinois en boîte bleue semble avoir la faveur!


Jeudi 14 avril 2011.

Soirée paisible à Shaxi, dans la maison d'hôtes "Cha Ma Gu Dao". Nous y sommes depuis hier soir. On atteint Shaxi après trois heures d'un trajet difficile, la route est un chantier ininterrompu à partir de Shaping. Et on n'a pas volé le repos qui suit! Le charme des lieux est toujours aussi fort. On se sent loin, loin de tout. On est frappées par le calme, le silence, le ciel étoilé, la pureté de l'air. On rêve aux anciennes caravanes, tout naturellement, dans ce décor digne des plus belles représentations de la Chine.
Place du Caravansérail
Ici, les chevaux sont dans les champs, au boulot, chargés de fumier qu'on va épandre. Sur le pont nous n'en avons croisé qu'un; juste assez pour faire une photo!
Changde
Cet après midi, ballade jusqu'au village de Changde, à travers champs. Parties pour visiter un jardin de plantes médicinales, hélas à l'abandon, nous découvrons un petit temple magnifique: San Jiao Si, "le temple des trois sages" ( "Sages" ? "Immortels "? "Vénérables" ? C'est à vérifier).
Sous le même toit sont réunis Confucius monté sur son dragon, Sakiamuni, et Lao Tseu chevauchant son buffle. Moyennant la promesse de ne pas photographier l'intérieur, le vieux gardien nous ouvre les portes et nous fait les honneurs des lieux – puis nous fait visiter son propre jardin avec une fierté légitime. Nous immortalisons ses pivoines arbustives dans toute leur gloire.
Il nous offre le thé, refuse cigarettes et bonbons mais accepte mon petit Bouddha porte bonheur en jade ; il nous montre alors  ses trésors bouddhistes venus de l'Asie toute entière. Ensuite, il pose dans son figuier, taillé en siège , en rigolant comme un gamin, découvrant ses deux dernières canines tandis que ses yeux plissés se perdent entre ses rides.

Changde , le gardien du temple

Magie du "petit pas de côté"!
Nous faisons plusieurs haltes sur la place du caravansérail : pour le premier café, alors que le soleil est encore timide; pour la citronnade, au retour de Changle sous un soleil ardent; pour un gin-tonic, suivi d'un succulent bol de nouilles, à l'heure du couchant. Le bistrot est tenu par un couple plus tout jeune, qui a quitté Shenzen pour venir s'installer ici. Des intellectuels, sûrement, qui ont créé un lieu paisible et plein de raffinement . Ce matin à l'heure du café, soudain, les Concertos Brandebourgeois ont inondé la place, créant une atmosphère insolite .

Place du Caravansérail
Au marché

Je dirai encore la beauté de l'architecture, les murs en briques de torchis enduites de blanc ou d'ocre, les 
vieilles pierres, la lumière, le calme émanant des lieux et des gens. 


Retour des champs

Pas de presse, pas de hâte.
On ne se lève pas très tôt ici ; il n'y a pas de voitures .
Jinghong est vraiment très loin.

ChaMa Gu Dao Traces
Prochaine étape : Shuhe , au pied du Dragon de Jade

Le temps passe, le thé vit.





Dans les montagnes de Ybang , la relève est assurée !
Il y a tout juste un an, un de nos amis, producteur de thé Pu'er au Xishuangbanna, nous a rendu visite. Il était venu muni de nombreux échantillons et il connaît bien nos thés pour avoir contribué à en produire certains. Ces quelques jours passés ensemble dans la campagne provençale ont été ponctués, bien sûr, de nombreuses tasses de thé . L'échange portait souvent sur ce point particulier : la différence entre les dégustations d'une même galette ici et là bas. Le lieu de conservation ou de vieillissement n'était même pas en cause puisque le thé arrivait tout droit de sa région d'origine. Le "tour de main" de celui qui sert joue bien sûr : chacun d'entre nous procède à sa manière et notre ami soutient que deux personnes qui préparent le même thé avec les mêmes contraintes (même poids de feuilles, même eau, même durée) n'obtiennent pas la même infusion. Affaire de sensibilité personnelle: c'est la dimension humaine de l'affaire. Nous avons poursuivi l'expérience peu de temps après, en nous retrouvant de nouveau réunis au Banna autour de nos thés.




Gong Fu Cha, Jinghong




Certains de nos clients fidèles nous ont rapporté des expériences comparables vécues lors de leurs voyages. Rien d'étonnant au fond quand on sait combien l'art de bien servir le thé est délicat. Qualité de l'eau, atmosphère ambiante, humidité, sécheresse, froid, chaleur, disposition personnelle l'influencent évidemment.


 L'humeur vagabonde...Renmin Park Chengdu
                             


D'autres, à commencer par nous, ont aussi fait l'expérience d'une "mauvaise passe" dans la vie de leurs galettes : des périodes au cours desquelles les arômes s'estompent ou s'effacent derrière une sensation de platitude, de sécheresse. Impressions bien décevantes pour ceux en particulier qui consomment le même Pu'er au quotidien... Puis vient, à nouveau, la révélation de la plénitude aromatique, avec un peu de maturité en plus ;  cela peut prendre quelques jours ou quelques semaines mais une fois encore, "la patience est avantageuse" !En tous cas, elle l'a été jusqu'alors, dans notre redécouverte permanente de nos jeunes Pu'er!

Lawo Man 'E , avril 2011

Le thé Pu'er, comme le vin, évoluerait il par paliers? Plus particulièrement à certaines saisons? La question est ouverte. Le Pu'er demeure en tous cas une matière vivante, et pour nous un terrain permanent d'expérience : que deviendront ces thés que nous avons choisis et produits "là bas" après quelques années de vie "ici"? Afin d'affiner cette expérience, nous avons décidé de laisser systématiquement la moitié de nos productions au Banna, chez nos amis,  pour des durées variables ( nous retournons là bas à chaque saison de cueillette , c'est l'occasion de faire , entre autres, des dégustations comparées de nos thés ici et là bas). De même, nous en réservons quelques tongs  en France, qui seront proposés à la vente dans quelques années seulement.Le temps passe, le thé vit, et nous évoluons avec lui. Les clients fidèles qui soutiennent nos projets sont aussi nos critiques exigeants : avantage de la proximité !  


Maison de thé,Temple Wen Shu , Chengdu
La saison des productions d'automne arrive et nos valises sont prêtes. Nous serons au Yunnan dans deux semaines, déjà nos envies vont vers les arbres d'une certaine montagne...à suivre, donc!

                                    

Bientôt le retour sur les chemins du thé!